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Public Medical Faculties: Expansion Under Pressure

Pénurie chronique de médecins : le Maroc ouvre davantage de facultés de médecine publiques

Face à une pénurie chronique de médecins, le Maroc se dote de nouvelles facultés de médecine. Cependant, l'augmentation du nombre d'étudiants et le mécontentement croissant parmi ces derniers exercent une pression sur le système de formation.

Actuellement, le pays compte huit facultés : Casablanca, Rabat, Marrakech, Fès, Oujda, Agadir, Tanger, et Laâyoune, chacune associée à un centre hospitalier universitaire (CHU). Et ce n'est que le début.

D'ici fin 2025, trois nouvelles institutions ouvriront leurs portes à Errachidia, Béni-Mellal et Guelmim, dans le cadre d'une stratégie nationale visant à remédier à la grave pénurie de professionnels de santé. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : avec seulement 17 médecins pour 10 000 habitants en 2021, le Maroc vise à tripler ce ratio pour atteindre 45 médecins pour 10 000 habitants d'ici 2030. Pour y parvenir, le gouvernement a lancé un plan ambitieux de formation médicale doté d'un budget de 3 milliards de dirhams, avec l'objectif de former 3 300 médecins par an à partir de 2025, contre environ 1 500 en 2020.

À partir de l'année académique 2023, les facultés de médecine publiques ont accueilli plus de 4 000 nouveaux étudiants en première année, presque le double de la capacité habituelle. Cette augmentation rapide a entraîné des tensions.

« Les infrastructures sont saturées, les hôpitaux enseignement sont débordés, et le personnel enseignant est surchargé », déplore un professeur de la faculté de Casablanca. Le mécontentement a atteint son paroxisme en 2024 avec une grève massive des étudiants en dentaire et en pharmacie qui ont boycotté les cours et les examens pendant plusieurs mois.

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En toile de fond, une contestation contre la réforme réduisant le cursus médical de 7 à 6 ans en 2022. Bien que cette modification vise à accélérer l'entrée de jeunes médecins en période de pénurie, de nombreux étudiants la perçoivent comme une réforme précipitée, imposée sans consultation ni ressources adéquates.

« Réduire la durée d'un cursus aussi complexe, sans améliorer la formation pratique ou les stages, compromet la qualité des soins », soutient un coordinateur étudiant.

Nouvelles facultés, nouvelles ambitions

Malgré les protestations, le ministère de l'Enseignement supérieur avance. En 2021, Laâyoune a ouvert la première faculté de médecine des provinces du Sud, avec pour objectif de former des médecins dans des régions historiquement sous-dotées.

Errachidia, Béni-Mellal (en construction depuis janvier 2025) et Guelmim suivront. Pour Guelmim, à partir de 2029, au moins 100 médecins seront diplômés chaque année.

Dans cinq ans, la faculté de Guelmim formera 500 médecins, et ce chiffre atteindra 1 000 dans dix ans. Ces projets visent à rapprocher la formation de diverses régions et à endiguer la fuite des cerveaux.

Un défi majeur demeure : la « fuite des cerveaux ». Chaque année, une part importante des nouveaux médecins diplômés part pour l’Europe ou le Canada. Certaines estimations indiquent qu’un médecin formé sur deux finit par émigrer. Les motivations sont nombreuses : salaires plus élevés, meilleures conditions de travail, et perspectives de carrière plus claires.

Une équation complexe

Élargir les opportunités de formation est nécessaire, mais cela ne suffit pas. Sans réformer le statut des médecins publics, améliorer les conditions de travail dans les hôpitaux et créer de fortes incitations pour le déploiement en milieu rural, le système risque d’aggraver les déséquilibres.

Un autre souci concerne la qualité de l’enseignement. Le manque de professeurs supervisants, les stages hospitaliers et les ressources logistiques menacent l’objectif d’une formation de haute qualité. Dans le secteur de la santé, la médiocrité n’est pas une option.

Le Maroc est en course pour former plus de médecins, plus rapidement, tout en garantissant une haute compétence. C'est un défi difficile face à des pressions sociales, financières et institutionnelles. Mais c'est également essentiel sur le plan stratégique, dans un pays où l'accès aux soins de santé reste très inégal entre les régions.

Former des médecins, c’est aussi former les garants d'un droit fondamental : le droit à la santé. La démocratisation de l’éducation médicale ne réussira que si elle s'accompagne d'un renforcement global du système de santé. Sans cela, les nouvelles facultés risquent de devenir des vitrines sans substance.

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Mots Clés :

pénurie de médecins | facultés de médecine | Maroc | formation médicale | qualité des soins | fuite des cerveaux | système de santé | accès aux soins

 


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