Les Experts-comptables face à un tournant décisif entre IA, durabilité et révolution des talents

Placée sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, la 10ᵉ édition du Congrès de l’Ordre des experts-comptables (OEC) a rassemblé, sous le thème « Durabilité, IA, Talents : la stratégie gagnante », les principaux acteurs publics et privés engagés dans la modernisation des métiers du chiffre et la transformation structurelle de l’économie marocaine. Au fil des interventions, une conviction s’est imposée : le Maroc vit une accélération simultanée numérique, écologique et humaine qui redéfinit en profondeur les attentes des entreprises et le rôle stratégique de l’expert-comptable.

Faïçal Mekouar, président de l’OEC, a dressé un état des lieux lucide d’un monde économique en mutation rapide. Il a souligné que l’intelligence artificielle bouleversait déjà les chaînes de valeur et redéfinissait les équilibres de compétitivité, tout en rappelant l’urgence de traduire les orientations du nouveau modèle de développement en actions concrètes, notamment en matière de durabilité, devenue incontournable pour accéder au marché mondial. Pour lui, l’expert-comptable de demain deviendra un « architecte de la confiance », chargé de fiabiliser les données extra-financières, d’intégrer les critères ESG dans les stratégies d’entreprise et d’accompagner la transition écologique des organisations.

Le congrès a également consacré un moment fort de la politique publique numérique : l’annonce du lancement de la première phase du réseau national 5G. Cette infrastructure stratégique, inscrite dans la vision royale, constitue un levier majeur de modernisation, d’inclusion et de compétitivité pour les territoires. Elle accompagne l’essor de l’intelligence artificielle, devenue pilier de la gouvernance technologique avec des initiatives structurantes telles que les Assises nationales de l’IA et la création d’une direction générale dédiée. Le Maroc accélère par ailleurs la mise en place d’infrastructures souveraines, notamment un Datacenter à Dakhla de 500 MW alimenté à 100 % par des énergies renouvelables, symbole de la convergence entre transformation digitale et durabilité.

La réflexion sur l’impact de l’IA sur les compétences et l’emploi a été approfondie par Chakib Benmoussa, qui a insisté sur le caractère unique de cette révolution technologique. Selon lui, l’intelligence artificielle ne se contente pas d’automatiser : elle redéfinit la nature même des métiers, modifie la structure des compétences et impose une réorganisation profonde des tâches. Pour anticiper ces transformations, il a mis en avant le travail stratégique mené par le Haut-Commissariat au Plan pour renforcer les bases de données nationales, intégrer de nouveaux indicateurs et cartographier les évolutions sectorielles liées aux transitions numériques et environnementales.

Les enjeux financiers et économiques des grandes transitions ont été éclairés par Brahim Benjelloun Touimi, qui a souligné le rôle crucial des marchés de capitaux. Dans un contexte où les besoins en financement augmentent avec l’énergie verte, le numérique ou l’industrie, il a rappelé que la transparence (financière et extra-financière ) devient la clé de voûte de la confiance et de l’attractivité. Il a insisté sur la nécessité de former des talents capables de maîtriser la finance durable, la blockchain, la DeFi ou encore l’analyse de données massives, afin de positionner le Maroc comme hub régional et méditerranéen de l’innovation financière.

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