L’IA dans l’enseignement supérieur : Des pas réfléchis dans un paysage en mutation

L’intelligence artificielle s’impose progressivement dans l’enseignement supérieur marocain, offrant des opportunités de personnalisation pédagogique et d’optimisation administrative. Toutefois, son déploiement reste fragmenté et sans cadre stratégique national clair. Si l’IA peut améliorer l’apprentissage et la réussite étudiante, elle soulève aussi des enjeux éthiques et juridiques. Une régulation rigoureuse s’impose pour éviter les dérives et garantir un usage responsable et inclusif.

Inévitables et nécessaires. Les technologies d’intelligence artificielle (IA) s’imposent chaque jour comme un moteur de développement et redessinent les contours de l’économie mondiale. Aucun secteur ne leur échappe. À leur tête l’enseignement qui se trouve à un tournant historique.

Au Maroc, il y a cette prise de conscience qui veut que l’enseignement supérieur ne doit absolument pas rester en marge de cette révolution. Cela est palpable aujourd’hui dans les grandes écoles et les universités marocaines. L’absence d’une stratégie nationale cohérente dans ce domaine freine une diffusion homogène de ces technologies au sein de l’écosystème universitaire marocain. Mais il faut bien le reconnaître, il y a des inégalités entre le privé et le public même si certains établissements publics arrivent à tirer leur épingle du jeu.

L’intégration de l’IA dans les établissements d’enseignement supérieur marocains est aujourd’hui une réalité visible à travers les plateformes d’apprentissage adaptatif, les outils d’analyse prédictive de la réussite académique, les chatbots pour accompagner les étudiants, ou encore via l’initiation à l’IA dans les cursus techniques et scientifiques. Certaines universités ont même commencé à introduire des modules spécifiques autour de l’intelligence artificielle, des données massives et de la science des données. L’un des principaux apports de l’IA dans l’enseignement supérieur réside dans sa capacité à personnaliser l’apprentissage. Grâce à l’analyse des comportements et des performances des étudiants, les plateformes intelligentes peuvent proposer des contenus sur mesure, détecter les difficultés en amont et offrir un accompagnement individualisé. Un levier puissant pour améliorer la réussite académique, réduire les taux d’abandon et favoriser l’inclusion des publics en difficulté. L’IA permet également d’automatiser certaines tâches administratives répétitives, allégeant ainsi la charge des enseignants et des services pédagogiques. Elle ouvre par ailleurs la voie à de nouvelles formes d’évaluation, plus fines, plus continues, moins dépendantes des examens traditionnels. En somme, elle pourrait redonner du souffle à une pédagogie parfois jugée rigide, en introduisant plus d’interactivité, de flexibilité et de réactivité.

Les défis à relever

La bonne volonté ne suffit pas car l’intégration de l’IA nécessite des fonds qui manquent souvent aux universités publiques. À cela s’ajoute le manque de personnel qualifié et formé aux nouvelles technologies et à l’IA dans le secteur éducatif. La formation des enseignants à l’utilisation de l’IA est cruciale pour son efficacité. Pour rester compétitifs et répondre aux besoins changeants des étudiants, de l’économie et du marché du travail, les établissements d’enseignement supérieur devront investir dans l’IA et dans la formation des enseignants à utiliser cette technologie de manière efficace dans leur enseignement et leur recherche. Selon le rapport du CESE sur «Les défis de l’enseignement supérieur au Maroc», qui met en lumière les défis concernant l’intégration des nouvelles technologies dans l’enseignement supérieur au Maroc, la formation du personnel est nécessaire. Ceci sans oublier la réticence de certains enseignants due à un manque de compréhension des avantages de l’IA ou à une peur de l’automatisation des processus pédagogiques. Bien entendu, les établissements d’enseignement supérieur devront également prendre en compte les questions éthiques et de responsabilité liées à l’utilisation de l’IA dans l’enseignement et la recherche. Ils doivent aussi être conscients des risques potentiels liés à l’utilisation de l’IA, tels que la perte d’emplois, la dépendance à l’égard de la technologie...

Enfin, il faut asseoir une réglementation encadrant le recours à l’IA pour éviter les abus. Cette réglementation devant être actualisée au fur et à mesure de l’évolution des technologies de l’IA.

Sans nul doute, l’IA va profondément transformer l’enseignement supérieur dans les années à venir. Les étudiants doivent non seulement être prêts pour l’avenir, mais aussi capables de le façonner. Dans un contexte où les transformations technologiques redéfinissent les compétences nécessaires dans le monde professionnel, la 33ème édition du Forum International de l’Étudiant qui se tiendra du 10 au 13 avril 2025 marque un tournant particulier avec la mise en avant des nouvelles technologies, et plus spécifiquement de l’intelligence artificielle (IA), pour répondre aux défis d’orientation actuels. Aux côtés des filières traditionnelles telles que la gestion, l’ingénierie, les sciences de la santé, l’architecture, et le tourisme-hôtellerie, le Forum explore également les métiers du futur. L’orientation des étudiants connaîtra donc une mutation profonde avec l’évolution technologique. L’enseignement supérieur s’oriente de plus en plus vers des parcours académiques personnalisés, portés par l’intelligence artificielle, la big data et la réalité augmentée, qui deviennent des leviers clés de cette transformation.

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