Azzedine El Midaoui, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, a tenu à souligner, lors de la séance des questions orales du lundi 11 novembre 2024, les limites des classements internationaux face aux réalités des universités marocaines. Selon lui, ces classements omettent de prendre en compte les spécificités et les défis auxquels celles-ci sont confrontées, en particulier en matière de ressources humaines et financières.
« Les universités marocaines disposent de moyens bien inférieurs à ceux de leurs homologues internationales, dont certaines bénéficient de ressources des dizaines, voire des centaines de fois supérieures », a-t-il déploré.
En réponse aux inquiétudes sur le recul des universités marocaines dans ces classements, El Midaoui a néanmoins exprimé sa satisfaction quant aux progrès réalisés par certaines institutions nationales dans des classements spécifiques. Le ministre a réaffirmé l’engagement de son département à améliorer davantage le positionnement des universités, tout en respectant leur autonomie et les engagements contractuels. « Notre objectif est de faire de ces classements un indicateur central d’évaluation et de travailler main dans la main avec les universités pour qu’elles accèdent à des résultats dignes des grandes institutions », a-t-il assuré.
Comparant la situation marocaine à celle des établissements prestigieux à l’international, El Midaoui a évoqué Harvard, classée première au monde, avec un budget dépassant les 35 milliards de dollars. Ce contraste illustre, selon lui, la nécessité d’un soutien continu et d’une mobilisation des différentes composantes de la société marocaine pour accompagner les universités dans cette course aux classements.
La situation des universités marocaines reste également préoccupante au niveau régional, comme le montre le dernier rapport QS du 20 octobre qui place le Maroc à la 13e position dans le monde arabe, loin derrière des pays comme l’Arabie saoudite, le Qatar et même des nations en crise comme la Palestine et le Liban. Dans ce classement, l’université Mohammed V de Rabat occupe la 95e place dans le monde arabe, suivie de l’université Cadi Ayyad de Marrakech (108e), de l’université internationale de Rabat (129e) et de l’université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès (130e).
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Abdennasser Naji, expert en éducation, a exprimé sa déception quant à ce classement, regrettant que les universités marocaines peinent à rivaliser avec celles de pays connaissant des situations politiques et économiques complexes. Selon lui, la réforme universitaire menée par le gouvernement n’a pas encore produit les effets attendus sur la qualité de la formation et de la recherche. Il pointe du doigt le manque de préparation des universités à satisfaire les critères de ces classements, notamment ceux liés à la recherche scientifique.
Naji souligne également la pénurie d’enseignants-chercheurs disponibles pour contribuer à la production scientifique, notant que la majorité d’entre eux se consacre presque exclusivement à l’enseignement, laissant peu de place à la recherche de calibre international. Ce manque de participation a, selon lui, des répercussions directes sur le classement global des universités.
Pour Naji, il est impératif de renforcer la qualité de l’enseignement en investissant dans la formation pédagogique des enseignants et en créant un environnement d’apprentissage plus performant. Ces efforts, estime-t-il, amélioreront non seulement l’efficacité interne des établissements d’enseignement supérieur mais auront aussi un impact positif sur les centres d’études doctorales et, à terme, sur la qualité des diplômés et des productions scientifiques du pays.
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Mots Clés : Universités marocaines|Classements internationaux|Ressources humaines|Budget|Recherche scientifique|Engagement|Formation|Qualité de l’enseignement .