Le Maroc ambitionne de doubler le poids des industries créatives d’ici 2030

Entre ambitions économiques, défis de formation et ouverture sur les marchés internationaux, la nouvelle édition du Forum marocain des ICC met en lumière les transformations profondes d’un secteur devenu essentiel au rayonnement du Maroc. Les interventions des responsables présents ont souligné l’urgence de passer du diagnostic à l’action.

La 3ᵉ édition du Forum marocain des Industries culturelles et créatives (FOMICC), placée sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, s’est ouverte le 11 décembre 2025 à Rabat, marquant un tournant pour un secteur en pleine expansion. Organisée à l'initiative de la Fondation Hiba, avec le soutien de l’Union européenne et de l’Institut français au Maroc, et en partenariat avec le ministère de la Jeunesse, de la culture et de la communication ainsi que la Fédération marocaine des industries culturelles et créatives (ICC), cette édition vise à transformer les ICC en moteur économique et social pour le Maroc et le continent africain.

Hicham Abkari, directeur des Arts au ministère de la Jeunesse, de la culture et de la communication, a ouvert le débat au nom du ministre Mehdi Bensaid, en soulignant le rôle stratégique des ICC: «À l'heure de la révolution technologique, de l'intelligence artificielle et de la robotisation, les ICC nous rappellent que la culture est le propre de l'homme et que l'avenir de l'économie réside précisément dans ces industries».

Il a insisté sur l’accès aux marchés internationaux et sur la dimension continentale: «Une logique de production ICC africaine est en train de succéder à la logique de consommation passive des produits importés. Les grandes plateformes africaines créent les conditions pour voir émerger des écosystèmes créatifs sur le continent. Ce Forum incarne une ambition nationale, marocaine, et une ambition continentale, africaine».

Younes Sekkouri, ministre de l’Inclusion économique, de la petite entreprise, de l’emploi et des compétences, a rappelé l’importance de professionnaliser le secteur créatif: «Le défi de ce secteur est de rallier à la créativité un monde plus structuré, avec des calendriers, des livrables et des compétences adaptées. Nous avons lancé des programmes pour soutenir les micro et petites entreprises, l’apprentissage et la formation professionnelle afin de permettre aux jeunes créateurs de transformer leurs idées en projets durables».

Il a détaillé plusieurs dispositifs : financement des micro-entreprises, programmes d’apprentissage fondés sur 20% de théorie et 80% de pratique, ainsi que le soutien aux métiers culturels et créatifs pour tous les niveaux de qualification.

Pour sa part, Daniele Dotto, chef de délégation adjoint de l’Union européenne (UE) au Maroc, a lu le message de l’ambassadeur Dimiter Tzantchev, rappelant la profondeur du partenariat UE-Maroc: «Ces industries reposent sur le talent et la créativité individuelle, mais elles contribuent à créer un consensus autour de l’identité et de la culture. Le partenariat Maroc-UE s’est approfondi pour soutenir les jeunes créatifs, favoriser l’exportation et encourager un développement international des ICC marocaines dans le respect de la diversité culturelle».

Younes Boumehdi, président de la Fondation Hiba et vice-président de la Fédération des ICC, a livré un état des lieux précis et ambitieux: «Ce Forum n’avait été qu’un événement ponctuel. Aujourd’hui, il s’affirme comme un véritable espace de travail, un laboratoire d’idées et un catalyseur de décisions concrètes».

Il a rappelé la croissance exceptionnelle du secteur: «En 2024, les industries créatives marocaines ont généré plus de 50 milliards de dirhams, soit 2,5% du PIB national, créant 150.000 emplois directs et plus de 200.000 emplois indirects, dont 34% pour les femmes. Il est nécessaire de doubler ce poids économique et ces emplois d’ici 2030».

Pour lui, le Forum doit désormais passer du diagnostic à l’action: «Le programme s’articule autour de trois axes principaux: le financement de l’entrepreneuriat culturel, la mobilité et l’accès aux marchés, ainsi que la coopération africaine. Ces thèmes arrivent à un moment opportun, alors que le Maroc s’apprête à accueillir de grands événements comme la Coupe d'Afrique des Nations (CAN), la Coupe du Monde et d’autres manifestations majeures, qui permettront de montrer au monde la créativité marocaine et africaine».

Younes Boumehdi a également insisté sur la portée internationale du secteur: «La Fondation Hiba est une véritable locomotive créatrice d’emplois, génératrice de valeur et d’attractivité touristique. Elle est un tremplin pour un Maroc tourné vers la Méditerranée, l’Europe et le monde. L’avenir se construit dans une société qui change et vit».

Il a conclu sur l’importance de la jeunesse, des femmes et de l’attractivité des territoires: «Lorsque nous parlons d’avenir, nous parlons d’emplois pour les jeunes, de perspectives pour les femmes, de revenus pour nos territoires, de nouvelles opportunités pour nos régions, de fierté pour notre diaspora et d’un espoir inébranlable pour les dizaines de millions de touristes qui viendront découvrir notre pays dans les années à venir».

Cette édition du Forum met aussi l'accent sur l’échange de bonnes pratiques et l’innovation, à travers des ateliers, des tables rondes et des sessions sectorielles couvrant le cinéma, l’art contemporain, la mode, le design, les arts numériques, les jeux vidéo et l’animation. L’objectif est clair: faire des ICC un moteur de développement économique, social et culturel pour le Maroc et pour l’Afrique.

Découvrir davantage...

Mots Clé

Continuer la lecture