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Etudiants-salariés : El Midaoui justifie les frais appliqués et défend le dispositif des cours du soir

Lors d’une rencontre avec la presse, le mercredi 19 novembre, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, Azzedine El Midaoui, a exposé les évolutions en cours et présenté les principaux axes de la loi 59.24, qui doit notamment encadrer le statut des étudiants-salariés. Cette intervention survient alors que la polémique liée aux frais imposés à ces derniers ne cesse de s'intensifier. Evoquant un dispositif transitoire appelé à être réadapté, le ministère à réaffirmer que la gratuité de l’enseignement public reste un principe intangible et à préciser les raisons qui sous-tendent l’organisation actuellement en vigueur.

Lors d’une conférence de presse organisée mercredi au siège du ministère sous le thème « Les jalons de l’université de demain », le ministre de l’Enseignement supérieur, Azzedine El Midaoui, a présenté un large panorama des évolutions du secteur, allant de la rentrée universitaire 2025-2026 aux réformes pédagogiques en cours, en passant par les chantiers juridiques et les dispositifs de soutien à la recherche scientifique.

Le ministre a d’abord rappelé que la rentrée 2025-2026 a marqué une nouvelle progression des effectifs portant le total national à 1,31 million d’inscrits.

C’est dans ce contexte général que le ministre a été interpellé sur la question des frais applicables aux salariés souhaitant reprendre des études universitaires ainsi que sur le nouveau modèle des cours du soir mis en place dans plusieurs établissements.

En effet, la controverse entourant les frais imposés aux employés souhaitant reprendre leurs études universitaires s'est intensifiée. Entre 6.000 et 17.000 dirhams, selon le cycle choisi, sont désormais exigés, parallèlement à la mise en place d’un nouveau dispositif de cours de soir spécifiquement destiné aux étudiants salariés. Une nouveauté que beaucoup jugent en inadéquation avec le principe de gratuité de l’université publique au Maroc.

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Face aux interrogations, le ministre de l’Enseignement supérieur, Azzedine El Midaoui, a apporté plusieurs clarifications lors de cette rencontre. Il a ainsi souligné que ces mesures s’inscrivent dans une phase transitoire, dans l’attente de l’adoption de la loi 59.24, actuellement en cours d’examen au Parlement. Cette loi devra, entre autres, encadrer de manière structurée la reprise d’études pour les salariés au sein des universités publiques.

Le ministre a réaffirmé que les travailleurs «ont toujours été les bienvenus» dans les universités publiques. Toutefois, il a reconnu l’existence de situations problématiques, en particulier lorsque certains employés quittent leur poste pendant leurs heures de travail pour assister aux cours. Il cite notamment des cas où «un citoyen se rend dans une administration ou une entreprise et ne trouve pas l’employé parce qu’il est en cours», un scénario qu’il décrit comme un «problème déontologique et moral».

À cet argument moral s’ajoute, selon le ministre, une réalité structurelle difficilement contournable. Les universités publiques fonctionnent déjà à des niveaux proches de la saturation, avec «cinquante à soixante mille étudiants» dans certains facultés, et une pression constante sur les capacités d’accueil. Cette tension s’est accentuée à la rentrée 2025-2026 avec l’arrivée de plus de 338.500 nouveaux étudiants, portant les effectifs à plus de 1.310.000 inscrits, en hausse de 4,8 % par rapport à l’année précédente, ce qui, selon lui, explique la charge considérable supportée par ces établissements et justifie l’organisation distincte des flux entre étudiants réguliers en journée et salariés le soir, afin d’éviter l’asphyxie des infrastructures. Il considère que, pour ces étudiants salariés comme pour les autres, la présence aux cours demeure essentielle afin de suivre les enseignements dans de bonnes conditions et de s’intégrer pleinement à la vie universitaire.

La polémique se cristallise principalement autour des frais demandés aux salariés. Aujourd’hui, ils s’élèvent généralement à environ 6.000 dirhams pour une licence, 15.000 pour un master et jusqu’à 10.000 pour un doctorat, avec des variations d’un établissement à l’autre en attendant l’harmonisation promise par la loi 59.24. Le ministre refuse toutefois d’y voir " une logique commerciale". Selon lui, ces montants n’ont pas vocation à générer des recettes, mais à compenser les coûts additionnels liés au fonctionnement des campus en horaires décalés — cours du soir à partir de 17 h et sessions organisées les week-ends.

Il précise que « les enseignants qui assurent ces cours le soir effectuent des heures supplémentaires, et ces heures doivent être rémunérées ». À cela s’ajoutent, affirme-t-il, les charges induites par l’ouverture nocturne des établissements : présence des agents de sécurité, mobilisation de l’administration et de la maintenance, éclairage, ainsi que l’ensemble des services nécessaires au déroulement régulier des cours. Les montants perçus sont donc, insiste-t-il, « exclusivement » affectés à ces dépenses.

Le ministre rappelle également que les salariés ont bénéficié de la gratuité intégrale lors de leur premier cursus universitaire, et que l’enjeu consiste aujourd’hui à préserver des conditions d’apprentissage convenables pour les étudiants du cursus classique qui dépendent entièrement du système public. Il affirme à ce sujet qu’«il faut assurer à ces étudiants des conditions d’apprentissage décentes». Sur le plan académique, il assure qu’aucune distinction n’est opérée entre étudiants réguliers et salariés : les examens sont communs, les programmes identiques et les diplômes délivrés dans les mêmes conditions, sans filière parallèle ni différenciation de statut.

L’adoption future de la loi 59.24 devrait clarifier et stabiliser l’ensemble du dispositif. Son article 81 introduit officiellement le principe du temps aménagé pour les travailleurs, fixe un cadre national unifié et prévoit des règles de financement explicites. En attendant son adoption, les universités évoluent dans un système transitoire, ce qui explique les différences actuelles dans les montants demandés aux salariés.

Dans l’opinion publique, la contestation ne faiblit pas. Beaucoup de salariés dénoncent un écart profond entre leurs revenus et les frais qui leur sont imposés, des montants qu’ils jugent difficilement soutenables au regard des charges qu’ils assument déjà au quotidien. Au fil des témoignages, un grand nombre d’entre eux estiment que « le droit de reprendre des études devrait être garanti et financé par le ministère », convaincus qu’il s’agit de la seule manière d’éviter que ce poids financier supplémentaire ne décourage la montée en compétences. Ils soulignent aussi qu’« un salarié qui obtient un diplôme supplémentaire ne représente pas seulement un progrès individuel ». Selon eux, « il accroît la qualification de la main-d’œuvre nationale et contribue directement à l’effort collectif ».

Sur les réseaux sociaux comme devant les facultés, le mot d’ordre « Non à la privatisation de l’enseignement » circule largement. Reste désormais à voir, à la lumière des débats parlementaires en cours, dans quelle mesure le cadre juridique en préparation clarifiera ces dispositions et répondra aux inquiétudes qu’elles ont fait naître, s’il est adopté.

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Mots Clés

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