
Quand l'IA corrige des copies: "Les conséquences sur les profs et les élèves sont dramatiques"
L'IA sans limite? Alors que les profs consacrent une grosse partie de leur travail à corriger les copies, ils pourraient gagner du temps en utilisant l'intelligence artificielle (IA). Plusieurs logiciels de correction assistés ont fait leur apparition.
Leur utilisation n'est pas encore très répandue. Selon le ministère de l’Education nationale, alors que la grande majorité des élèves et des étudiants utilisent aujourd'hui l'IA, moins de 20 % des professeurs s'en saisissent régulièrement dans leur pratique professionnelle.
Mais ça pourrait ne pas durer. De plus en plus d’outils d’assistance à la correction des copies arrivent en effet sur le marché comme "Ed.ai", Examino, Gingo ou encore PyxiScience. Quasiment toutes les matières sont gérées, des maths aux dissertations. Leur promesse : diviser le temps de correction par trois et éliminer les erreurs liées à la fatigue alors qu'un enseignant passe chaque semaine plus de 6h30 à corriger des copies.
Des résultats efficaces?
Le fonctionnement de ces logiciels est simple : une fois la copie prise en photo ou scannée, elle est passé à la loupe par l’IA. Un pré-correction est ainsi faîte, sorte de première correction que l’enseignant n’aura ensuite qu’à affiner ou à valider. Tous les critères sont fixés par lui : le barème de points, les consignes à respecter et le type de réponse ou de mots clés attendus pour chaque question. L’enseignant reste totalement maître du résultat final et de la note.
Et le résultat serait efficace. En novembre dernier, un professeur de lettres, Thibaud Hayette, avait mené l’expérience sur sept copies de Français du brevet des collèges 2024. Il n’y avait que 0,5 point de différence entre les notes attribuées par l’IA et les siennes.
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Quand ChatGPT est nul en maths
Professeur d'économie, Pierre Rondeau confesse avoir lui aussi déjà demandé à ChatGPT il y a 2 ans de corriger un partiel: "Sur des maths appliquées, il avait tout faux, tout était mauvais, mais sur une dissertation d'économie, j'étais bluffé", reconnaît-il.
Mais il craint que les enseignants à termes "arrêtent de travailler". "C'est impressionnant l'intelligence artificielle mais dans l'usage du quotidien et la pratique professionnelle, les conséquences sur le niveau des profs et des élèves sont extrêmement négatives".
"Si les profs arrêtent de réfléchir avec les étudiants et les élèves, à une correction pour amener une pensée logique, dans 20 ans, la France c'est fini", prévient Pierre Rondeau.
Totalement réfractaire à l'intelligence artificielle, Fred Hermel se demande comment l'IA pourrait juger une dissertation de Français: "Des profs ont vu ça et ça l'IA ne peut pas le calculer, notamment une jolie métaphore. L'IA ne peut pas être émerveillée par une tournure de phrase, il y a des phrases qui ne s'expliquent même pas", croit-il savoir.
"Je sais que c'est terrifiant mais le monde va changer et va être révolutionné par l'IA", prévient de son côté Juliette Briens.