
Politique Vente de diplômes : Le scandale qui secoue l’université marocaine et pousse le ministre à s’expliquer
pendant des années, un enseignant de l’Université Ibn Zohr à Agadir aurait monnayé l’accès aux diplômes universitaires, construisant ainsi une fortune sur le dos d’étudiants crédules et de familles en quête d’avenir pour leurs enfants. Ce trafic présumé, opéré en toute impunité dans l’enceinte même de l’enseignement supérieur, a provoqué une onde de choc dans l’opinion publique. L’affaire, rendue publique après l’interpellation de l’enseignant concerné, Ahmed Qlich, a révélé une faille inquiétante dans la gestion et la crédibilité des diplômes délivrés par les universités marocaines.
Face à l’ampleur du scandale, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, Azzedine El Midaoui, a été interpellé lundi par plusieurs députés à la Chambre des représentants. Quatre questions orales sur le thème du « trafic de diplômes universitaires au Maroc » ont été posées par trois groupes parlementaires, ainsi que par des députés non affiliés, dans le cadre d’une session dédiée aux questions orales.
En réponse, le ministre a annoncé que son département mène actuellement une révision globale du système des diplômes universitaires, à travers le développement d’un système d’information intégré et complet permettant de gérer les parcours des étudiants et les diplômes obtenus. L’objectif déclaré : prévenir toute forme de manipulation et garantir la crédibilité des diplômes universitaires.
Concernant le cas de l’enseignant impliqué, Ahmed Qlich, le ministre a rappelé que le dossier est actuellement entre les mains de la justice, soulignant que cette dernière est « la seule autorité habilitée à prendre les décisions judiciaires appropriées, lesquelles doivent être respectées par tous, afin de garantir les droits de toutes les parties et consacrer l’État de droit ».
El Midaoui a précisé qu’immédiatement après avoir été informé de l’arrestation des deux enseignants concernés à Agadir, son ministère a pris la décision de les suspendre à titre conservatoire, en attendant la finalisation de l’enquête. Il a rappelé à cette occasion que la loi 01.00 confère aux commissions scientifiques et aux commissions paritaires la compétence en matière disciplinaire au sein des établissements et universités.
Le ministre a également indiqué que son département a convoqué les responsables directs des établissements concernés pour fournir les explications nécessaires sur les données administratives et pédagogiques liées à ces dossiers.
Dans le cadre de cette affaire, une mission d’inspection centrale relevant de l’Inspection générale du ministère a été dépêchée à plusieurs établissements de l’Université Ibn Zohr à Agadir, notamment les facultés des sciences juridiques, économiques et sociales d’Agadir et d’Aït Melloul, ainsi que la faculté des lettres et des sciences humaines.
Selon le ministre, la commission d’inspection a mené des rencontres directes avec les différents acteurs administratifs et pédagogiques, et a procédé à la collecte de données documentaires et numériques relatives aux filières de licence, master et doctorat. Elle a également observé sur le terrain le déroulement des examens de la session de printemps, jugée normale.
Le ministre a conclu en affirmant qu’un rapport détaillé est en cours d’élaboration par l’Inspection générale, lequel contiendra des recommandations pratiques visant à renforcer les mécanismes de contrôle interne des établissements universitaires, à améliorer la gouvernance pédagogique et administrative, et à combattre fermement ce type de dérives étrangères à l’université marocaine.
Dans le même esprit, El Midaoui a réitéré que son département suit avec une attention particulière tout ce qui pourrait porter atteinte à la crédibilité du système universitaire national, et qu’il a pris plusieurs mesures pour traiter ces dossiers avec rigueur.
Au premier rang de ces mesures figurent l’ouverture d’enquêtes administratives et la transmission des dossiers, si nécessaire, aux autorités compétentes, dès que le ministère ou les établissements universitaires reçoivent des informations fiables sur de tels faits. Des sanctions sont systématiquement prises à l’encontre de toute personne reconnue coupable, dans le strict respect du principe de lier la responsabilité à la reddition des comptes.
El Midaoui a également évoqué le renforcement des mécanismes de gouvernance et de contrôle dans le cadre des missions de l’Inspection générale du ministère, avec pour objectif d’auditer tous les aspects administratifs et pédagogiques, afin de détecter d’éventuels dysfonctionnements ou infractions susceptibles de nuire à la qualité de l’enseignement ou de compromettre le principe d’égalité des chances.
Par ailleurs, le ministre a souligné l’importance de promouvoir et d’ancrer les valeurs au sein de l’espace universitaire, à travers des programmes de formation et de sensibilisation à destination des étudiants, des cadres administratifs et pédagogiques, autour des principes de l’éthique universitaire et de l’intégrité académique.
Il a insisté sur le fait que ces cas isolés ne reflètent pas l’image globale de l’université marocaine, laquelle « regorge de compétences scientifiques et académiques et constitue un levier de développement et d’innovation », comme en témoignent les réalisations enregistrées aux niveaux national et international.
El Midaoui a réaffirmé l’engagement de son ministère à poursuivre la réforme globale de l’université, en incluant le développement du cadre juridique et réglementaire de l’accès aux formations universitaires, le renforcement de l’autonomie des universités, la consolidation de la responsabilisation et de la transparence, et la valorisation du mérite dans la gestion de tous les parcours de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation.
Enfin, le ministre a appelé tous les acteurs et partenaires – enseignants, étudiants, administrateurs, et société civile – à s’engager dans les efforts d’amélioration du système de l’enseignement supérieur, afin de renforcer le rôle de l’université comme espace de savoir, d’excellence et de mérite.
Dans ce même contexte, El Midaoui a présenté les détails de la procédure suivie pour l’accréditation des filières de formation, ainsi que les modalités de sélection et d’évaluation des candidats au cycle du master, soulignant qu’elles s’inscrivent dans la volonté de son ministère de promouvoir les principes de bonne gouvernance, de probité et d’égalité des chances dans l’université marocaine. Il a conclu en indiquant que le ministère poursuit la mise en œuvre de réformes structurelles et organisationnelles visant à prémunir l’enseignement supérieur contre toute pratique portant atteinte à sa crédibilité.
Découvrir davantage...
- Rejoignez notre page Facebook
- Suivez-nous sur linkedin
- Découvrez toute l'actualité des études supérieures et de la formation professionnelle
Mots Clés : trafic de diplômes | Université Ibn Zohr | corruption | enseignement supérieur | Azzedine El Midaoui | crédibilité des diplômes | réforme universitaire | intégrité académique