
Le retour du Bachelor : quand l'université marocaine reprend le chemin de la réforme
Azzedine El Midaoui, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, a pris une décision qui va faire parler dans les couloirs des universités marocaines. El Midaoui a annoncé la réintroduction du système Bachelor dans les universités du royaume, via les Écoles Supérieures de Technologie (EST). Cette mesure, validée en Conseil de gouvernement par le décret n° 2.25.456, modifie celui de 2004 qui encadrait jusqu’alors les cycles universitaires et les diplômes nationaux.
Cette annonce ravive des souvenirs encore frais dans l’esprit de milliers d’étudiants et de leurs familles. Sous l’ancien ministre Saaïd Amzazi, le projet Bachelor avait vu le jour avec beaucoup d’espoir. Puis, coup de théâtre : son successeur Abdellatif Miraoui avait brutalement stoppé le processus, laissant plus de 24.000 étudiants dans l’incertitude, sans alternative concrète. Une décision qui avait semé le trouble dans la communauté universitaire et entaché la crédibilité de la gouvernance éducative.
En relançant ce dossier sensible, le ministre fait le pari de redonner confiance à un système éducatif ébranlé par ces revirements successifs.
Derrière cette décision se cache une ambition claire : aligner l’enseignement supérieur marocain sur les standards internationaux. Le Bachelor, ce diplôme anglo-saxon désormais répandu aux quatre coins de la planète, séduit par sa flexibilité et son approche professionnalisante. Dans un monde où la mobilité étudiante est devenue la norme, avoir un diplôme lisible partout devient un atout majeur.
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Les EST, longtemps considérées comme les parents pauvres de l’enseignement supérieur technique, se voient ainsi propulsées sur le devant de la scène. Le nouveau système prévoit une année préparatoire destinée à faciliter la transition entre le lycée et l’université, en mettant l’accent sur les langues, les compétences transversales et la culture générale. Une approche qui vise à mieux armer les étudiants face aux défis de demain.
Cette réforme s’inscrit dans la droite ligne de la loi-cadre 51.17, véritable colonne vertébrale de la transformation du système éducatif national. L’objectif ? Rendre les diplômes marocains plus attractifs et faciliter la reconnaissance internationale des cursus.
Mais l’enjeu va au-delà des considérations purement académiques. Le Maroc veut se positionner comme un hub éducatif régional, capable d’attirer les talents africains et arabes. Dans cette course à l’influence, l’université devient un instrument de soft power, un moyen de rayonner au-delà des frontières.
Cette nouvelle tentative saura-t-elle convaincre une communauté universitaire échaudée par les expériences passées? Les syndicats, les enseignants et les étudiants gardent en mémoire la gestion chaotique de la précédente expérience Bachelor. La confiance, une fois perdue, se reconquiert difficilement.
El Midaoui mise sur le dialogue et la transparence. Il sait que la réussite de cette réforme dépendra autant de sa qualité intrinsèque que de la manière dont elle sera mise en œuvre et communiquée. L’avenir nous dira si ce retour du Bachelor marque un véritable tournant ou s’il ne s’agit que d’une énième tentative de réforme dans un secteur habitué aux changements de cap.
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Mots Clés : Bachelor | Enseignement supérieur | Réforme | Universités marocaines | Écoles Supérieures de Technologie | Reconnaissance internationale | Mobilité étudiante | Confiance .